Humoriste, producteur de film, acteur… né au Maroc, de confession juive, Gad Elmaleh confesse avoir été interpellé depuis tout petit par les dimensions du sacré. Ses parents lui avaient interdit enfant de rentrer dans une église. Depuis, suite à des rencontres et des événements marquants dans son itinéraire, il a souhaité explorer en profondeur son rapport aux questions religieuses. « Reste un peu » est le film qu’il vient de signer en novembre dernier, totalisant déjà plus de 500 000 entrées.  Il y raconte la place de la Vierge Marie dans son parcours et l’interpellation que suscite la foi catholique dans sa vie. Il est aussi le producteur du spectacle musical « Bernadette de Lourdes ». Invité de la Fédération des médias catholiques à Lourdes, le 26 janvier dernier – où nous étions présents pour La Mennais Click Infos, La Mennais Magazine et le site de la Congrégation et de la Famille mennaisienne : www.lamennais.org – , interrogé par Youna Rivallain du journal La Vie, il s’est livré avec naturel, finesse et expression directe. C’est parti !

La femme parfaite… et Lourdes.  « Marie, c’est la femme parfaite pour toi. Vous ne vivez pas ensemble et elle te fous la paix » ! Dans le film, la sœur de l’artiste lui adresse cette apostrophe sans retenue ! « A Lourdes, j’ai reçu une sorte de confirmation que Marie était bien présente dans ma vie, qu’elle était là. Je trouve beaucoup de paix ici. »

Une crise de foi. « Je vis une expérience intime et personnelle avec la crise de la cinquantaine. En France on n’aime pas employer le mot religieux, on dit je suis spirituel. Il existe une tradition de ne pas s’assumer catho. C’est vous-mêmes catholiques qui entretenez cela. Assumez ce que vous êtes ! Tu peux être cool et vivre une vie « normale ». Pourquoi avoir peur du label catho ? »

L’artiste Gad Elmaleh devant une statue de Marie.

« Je n’ai pas choisi ». « Le Pape François que j’ai rencontré fin décembre m’a dit au sujet de mon parcours : vous n’avez pas choisi ! Et c’est vrai. Et j’ai été très touché : il m’a confié en me saisissant le bras : « Je compte sur vous pour prier pour moi ». »

« Je n’ai plus peur de ne pas avoir de réponse ! » « Ce que j’ai compris de Dieu et de moi-même en réalisant ce film c’est ce besoin d’approfondir. Lire et chercher n’apporte pas de réponse et cela m’inquiétait. Je viens de la tradition juive, mais je n’ai plus peur à présent de ne pas avoir de réponse. Je suis conforté dans cette quête d’approfondissement et c’est de l’apaisement. C’est en ce sens qu’ici à Lourdes je viens témoigner ma reconnaissance à la Vierge Marie.  Je me sens libre et heureux. J’effectue un vrai chemin vers le christianisme avec intérêt, perplexité et agacement. Le baptême qui peut être une perspective n’est pas une fin en soi, c’est un passage, un point de départ, ce n’est pas un club avec une carte ! »

« Le dialogue avec les autres religions c’est du concret et du vécu chaque jour ».  « Ce dialogue est trop vu comme un concept. Cela passe en fait par le vécu, la fraternité du quotidien. Ce dialogue ce n’est pas une posture. Au Maroc, mon pays d’origine, les uns et les autres nous vivions ensemble. Oui, il y avait des tensions et aussi des connexions. Pour cela il faut se connaître.  J’ai transgressé la loi et choisi d’aller dans une église et de parler avec les autres, alors que ma religion me l’interdisait. Très souvent on parle de dialogue inter religieux après des événements tragiques, mais cela doit se vivre au quotidien. Il s’agit de mettre en valeur sa foi mais aussi ceux qui ne croient pas ».

Image extraite du film « Reste un peu ».

« Montrez-nous la lumière ! » Ces derniers mois, il a rencontré nombre de médias catholiques et il se dit marqué par des « rencontres étonnantes : la joie profonde lors des rencontres avec la famille spirituelle du réseau l’Emmanuel, le travail social réalisé par les Frères de St Jean, les Maristes aussi… ».  « Pour plaire et convenir à ce que l’autre attend nous évacuons toute référence religieuse. Au lieu de mettre en avant les valeurs ou la lumière, on va mettre en avant les dérives ou l’aspect dogmatique. Tout cela ce sont des protections pour ne pas aller voir la lumière. Or, j’ai rencontré des gens lumineux ! »

« Mettez les jeunes en valeur ! » « Regardez par exemple le grand nombre de jeunes qui viennent ici à Lourdes au service des autres. Vous médias et croyants, dites tout ce qui est vécu ici au service des malades, tout ce que les jeunes donnent avec leur âme et leur corps ! Faites-le savoir. Tout cela n’est ni réservé, ni à part, montrez-le ! A chaque jeune, on a envie de dire aussi : fais-le comme tu veux, prie, ne prie pas, si tu peux être là et tendre la main aux autres, tant mieux ! Mettez-les en valeur, donnez-leur de la force aux jeunes ! Mes enfants, j’ai envie de leur montrer ce qui se vit ici, qu’ils puissent vivre cela ! »

« Mettez-les en valeur, donnez-leur de la force aux jeunes ! »

« Arrêtons les complexes » « Comme médias catholiques vous n’arrêtez pas de dire que vous êtes ouverts à tous, que vous vous adressez à tout le monde. D’accord, mais n’est-ce pas aussi en étant catholique, une manière d’être singulier. Et si on peut se servir de la lumière et de la voix qui nous est donnée, allons-y ! Ce qui me frappe encore ce sont les occasions de rencontre et de collaboration entre personnes ou groupes : comment utilisons-nous la force des uns et des autres ? Donne-moi le trampoline et je sauterai dessus ! Soyons sans complexe ».

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